samedi 4 juin 2016

Achat d'une machine à écrire en 1913

La mairie de Canet se modernise


Après le vote d'une limitation des débits de boisson en ville ainsi que le vote d'un secours en faveur des victimes de la catastrophe de Cerbère, la séance du 18 octobre 1913 se poursuit avec une décision qui fera entrer la mairie de Canet dans la modernité : l'achat d'une machine à écrire !

Archives de Canet

18 octobre 1913

Achat d'une machine à écrire

M. le Maire expose qu'il serait utile de posséder une machine à écrire pour les besoins de la mairie.
Le Conseil, après délibération, décide d'acheter une machine "Remmington"
[sic] du prix de 575 f payable comme il suit :
1° - 180 f seront pris sur le crédit du budget additionnel 1913 affecté à cet usage ;
2° - 170 f payables fin décembre 1913 seront pris sur les dépenses imprévues des budgets en cours d'exercice ;
3° - Le solde total, soit 225 f, sera inscrit sur le budget additionnel 1914.
Il autorise M. le Maire à traiter l'achat dans les conditions ci-dessus énoncées.
Ainsi fait et délibéré à Canet les jour, mois et an que dessus et ont signé les membres présents.


[signatures]

Archives de Canet

Les machines à écrire, bien qu'inventées dès le début du 19ème siècle, sont fabriquées de manière industrielle à partir des années 1870 et commencent alors à se répandre. La délibération ne précise pas quel modèle est acheté par la mairie, mais celui de Remington dans les années 1910 est le « n°11 », donc peut-être celui acquis par la ville de Canet.

Archives de Canet
Machine à écrire Remington n°11 (années 1910)

On voit que l'achat de cette machine à écrire représente un véritable investissement, puisqu'il est nécessaire de répartir la dépense sur trois périodes et sur deux ans. 575 francs de 1913 correspondent à presque 2000 euros actuels, sans doute une somme importante pour le faible budget de la mairie d'alors. Espérons que cette machine à écrire a par la suite été rentabilisée !

Source archive municipale : ADPO, 30 EDT 25
Photos archive : Fabricio Cardenas [cc-by-sa]
Photo machine à écrire : Pelle Sten [cc-by-sa], au musée Hallwyl de Stockholm



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vendredi 13 mai 2016

Solidarité avec Cerbère en 1913

Le conseil municipal réagit à la catastrophe de Cerbère

Archives de Canet
On se souvient que lors de la séance du conseil municipal de Canet en date du 18 octobre 1913 avait été voté une délibération concernant la limitation des débits de boissons. Ce même jour, la séance se poursuit avec une demande directe du maire de la commune de Cerbère, qui vient d'être touchée par une catastrophe.

Séance du 18 octobre 1913
Vote d'un secours en faveur des victimes de la catastrophe de Cerbère


M. le Maire donne lecture au Conseil de la lettre de M. le Maire de
Cerbère demandant le vote d'un crédit de secours en faveur des
victimes de la catastrophe qui s'est produite dans cette localité
le 29 septembre dernier, et propose de voter à cet effet la somme
de 50 francs.

L'assemblée à l'unanimité, désireuse de donner un témoignage
de sympathie aux familles éprouvées, accepte la proposition de
M. le Maire et vote la somme de 50 f qui sera prise sur les
dépenses imprévues de l'exercice 1913.

Ainsi fait et délibéré à Canet les jour; mois et an que
dessus et ont signé les membres présents.

[signatures]

Archives de Canet
Les signatures du conseil municipal

Vu et approuvé
Perpignan le 22 oct. 1913
Pour le Préfet et par délégation
Le secrétaire général
signé : Lévi.


Que s'est-il passé à Cerbère qui justifie ce geste de solidarité ?


Archives de Canet
Cerbère et sa gare

Le 29 septembre 1913, en fin d'après-midi, des pluies diluviennes s'abattent sur le Languedoc, le Roussillon, et la Catalogne. L'épisode, particulièrement intense entre Argelès et Cerbère, provoque notamment une crue démesurée de la rivière du Ribéral, qui descend des Albères jusqu'en plein centre du village de Cerbère et de sa gare internationale. Envahissant l'atelier d'un quincailler, l'eau provoque une réaction chimique avec des produits qui y étaient stockés. S'en suivit une gigantesque explosion qui tua trois personnes sur le coup, déclencha un gigantesque incendie et l'ensevelissement de cinq familles dans les décombres. Au final, on dénombra quatorze morts et de nombreux blessés graves.
Je reviendrai plus en détail sur cet événement sur le blog Vieux papiers des Pyrénées-Orientales.
Notons que 50 francs de 1913 sont équivalents, en pouvoir d'achat, à 167 euros actuels. C'est donc un don modeste, mais symbolique du fait du relativement faible budget de la commune à cette époque.

Source archive municipale : ADPO, 30 EDT 25
Sources catastrophe :
J.-M. Antoine, B. Desailly et F. Gazelle, « Les crues meurtrières, du Roussillon aux Cévennes » in Annales de géographie,  n°662, nov.-déc. 2001
Journal Le XIXe siècle du 2 octobre 1913
Photos archive municipale : Fabricio Cardenas [cc-by-sa]
Photo de Cerbère : BlueBreezeWiki [cc-by-sa] via Wikimedia Commons



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samedi 13 février 2016

Limitation des débits de boissons en 1913

Une distance minimale entre les cafés et les écoles est requise


Les cafés et débits de boissons sont souvent perçus comme des lieux de débauche, agités, bruyants et donnant un mauvais exemple de comportement pour la jeunesse en devenir. Il arrive donc que la population se plaigne de l'installation d'un café trop près d'une école (ainsi que cela se produit par exemple à Cerbère en 1885). En ce mois d'octobre 1913, la mairie de Canet décide elle aussi de limiter la prolifération des débits de boissons par une simple contrainte de distance minimale entre ceux-ci et les écoles, églises, hospices et... cimetières.

Archives de Canet

18 octobre 1913

Limitation des débits de boissons

M. le Maire expose que l'article 9 de la loi du 17 juillet 1880
a spécifié que "Les Maires pourront, les Conseils municipaux entendus,
prendre des arrêtés pour déterminer, sans préjudice des droits acquis,
les distances auxquelles les cafés et débits de boissons ne pourront
être établis autour des édifices consacrés à un culte quelconque,
des cimetières, des hospices, des écoles primaires, collèges ou autres
établissements d'instruction publique."
Cette question ayant déjà fait l'objet d'une délibération
en date du 5 novembre 1907, dont il est donné lecture, M. le
Président demande à l'Assemblée si elle en maintien les conclusions.
Le Conseil, considérant que l'application de la loi précitée a
un but moral très élevé et ne peut nuire à personne, est d'avis
que la distance des débits de boissons aux établissements énumérés
ci-dessus soit fixée à 100 mètres, sans préjudice des situations acquises à ce jour.
Ainsi fait et délibéré à Canet les jour, mois et an que dessus
et ont signé les membres présents.


Archives de Canet
Est-ce un café entre l'école des filles (à gauche) et l'église (au fond) ?

A l'époque, les deux écoles (filles et garçons) sont au village, ainsi que l'église et le cimetière. Il semble que la distance de 100 mètres soit respectée pour la plupart de ces équipements, sauf peut-être pour l'école des filles et l'église, du fait de la présence d'un café à mi-chemin entre ces deux bâtiments, sur l'actuelle avenue de Sainte-Marie, et où se trouve aujourd'hui un bar PMU. Cependant, l'arrêté prend soin de préciser qu'il ne s'applique pas aux « situations acquises à ce jour », donc aux cafés déjà en place. De nos jours en tout cas, cette contrainte semble toujours respectée, sauf en ce qui concerne l'église, l'école des filles ayant depuis été transformée en bibliothèque municipale. Les deux écoles actuelles du village (maternelle et primaire), les deux écoles de la plage, ainsi que le collège et le lycée sont tous a priori à plus de cent mètres d'un débit de boissons. La morale est sauve !

Source : ADPO, 30 EDT 25
Photos :
En tête : Fabricio Cardenas [cc-by-sa]
Carte postale : Editions Navarro (début 20ème siècle) [domaine public]



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